From Romania to Bulgaria/ De Roumanie en Bulgarie

I know I’m (very) late, I am trying to catch up, should be returning to a 1 day, 1 post rythm soon ! It’s been an amazing (but leaving me very little time to write) adventure since I entered Romania, and I really can’t wait to share it. Pléiade excuse mistakes, i don’t have much to time to re read the text! 

Je sais que je suis (très) en retard au niveau des nouvelles, j’essaie de retounrer au rythme de 1 jour = 1 post! Depuis que je suis arrivée en Roumanie, je vis une aventure extraordinaire (mais qui me laisse peu de temps pour écrire), que j’ai vraiment hâte de partager. Pardonnez les fautes, je n’ai pas eu le temps de relire! 

The longest day / Le jour le plus long
Day 22 – 17/06/2015 – 130 kms – Rosiori de Vede à Bucharest Total : 2996 kms

It’s supposed to be a short ride. I wake up early, to try and make it by the beginning of the afternoon in Bucharest. That’s what I told Philippe, who is the director of the maintenance depot there, but also my friend, a former colleague from Kazakhstan. Unfortunately, as I had seen on the weather broadcasts, the sky is dark and grey, not one single sun ray pierces through the clouds. With the wind powerfully blowing in the wrong direction, it took me some time to realize that the brake pads were misadjusted and continuously braking, slowing me down, consuming an incredible amount of energy and damaging my brake disk. Last night, I remember the front wheel hit on something as the three guys trying to make my bike enter a small door to store it for the night. It might have been at that moment? I desperately try to adjust it several time but it isn’t perfect at all. As I was thinking things couldn’t get worst, it starts raining. A few meters later, I use the nearest gas station as a shelter for a few hours. I was very optimistic about arriving in Bucharest after lunch.

Aujourd’hui, c’est censé être une journée relativement courte. Je me lève tôt, pour essayer d’atteindre Bucarest en début d’après-midi. C’est ce que j’ai dit à Philippe, le directeur du dépôt Alstom, un ami et ex-collègue du Kazakhstan. D’après ce que j’ai compris, une armée de mainteneurs m’attendent de pied ferme sur le site. Je ne vais pas être déçue ! Malheureusement, comme on pouvait le voir sur les prévisions météos, le ciel est sombre est gris, pas un rayon de soleil ne perce ces nuages épais. Avec un vent puissant à contresens, ça m’a pris un peu de temps à réaliser que mes plaquettes de freins n’étaient pas bien réglées et freinaient en continue, ce qui me ralentissait dans ma progression, consommait de l’énergie inutilement et en plus abimait mon disque de frein. Hier soir, je me souviens que la roue avant a cogné contre quelque chose alors que les trois gaillards de l’hôtel m’aidaient à faire rentrer mon vélo par une petite porte pour le ranger pour la nuit. Peut-être un dérèglement à ce moment-là ? J’essaie de le re-régler plusieurs fois mais à la fin, c’est loin d’être parfait. Comme si les choses ne pouvaient pas empirer, il se met à pleuvoir. Quelques mètres plus loin, je trouve une station-service qui va me servir d’abri quelques heures. Disons que j’ai été très optimiste de penser que je pouvais arriver à Bucarest juste après midi.

A few hours later, it stops raining. My batteries are still almost empty, but I decide to get a move on, rather (or exclusively) using my legs. One thing I really like about Romania, as anyone knowing me a little might have guessed, are the horses. There are horses everywhere, in all fields but also on the side of the streets and there is a large number of wooden carts as well, and generally with rather good-looking horses pulling them. There are so many that signs have even been installed especially for them, indicating on which road they can circulate and on which they can’t. Their drivers often smile and wave their hands in my direction. One of them even asks me if I want to take a break and put the bicycle inside for a few kilometres. I refuse of course. No cheating.

Quelques heures plus tard, il s’arrête de pleuvoir, mes batteries sont toujours presque vides, mais je décide de bouger quand même, me servant plutôt (voir exclusivement) de mes jambes. Une chose que j’apprécie beaucoup en Roumanie, comme tous ceux me connaissant un minimum pouvaient se douter, ce sont les chevaux. Il y a des chevaux partout, dans tous les prés, mais aussi devant les maisons, sur le bord de la route et un nombre impressionnant de charrettes en bois, tirées le plus souvent par des chevaux qui ont de la gueule. Il y en a tellement que des signes ont été installé spécialement pour les eux, leur interdisant l’accès à certaines voies. Leurs conducteurs me sourient en me saluant. L’un deux me demande même si je souhaite metre mon vélo dans sa charrette pour m’avancer de quelques kilometres. Je refuse évidemment, c’est de la triche !

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Nevertheless, I had the best welcome ever in Romania’s capital! Arriving exhausted near Bucharest, I stop once more to fix my brake problems, but I get a call from Razvan, a HR working for Philippe and he tells me they were waiting for me in Mihailesti a little further along the road, and that he’s got with him “the best bike specialist”. So, I get back on my Roger and a few meters on, I see them, all filming my approach and visibly very excited to see me (and so am I): Claudio, the IT guy, Razvat, and Valentine, the specialist. Indeed, he did look like a specialist, all dressed up in professional-looking cycling outfit, and with an incredible amount of accessories, including a head-torch, reminding me of those crazy moles in cartoons. As soon as I arrive, he takes a seat near my front wheel and starts tinkering with the brake. I try to help him, but I seem to rather be bothering him. So we start chatting with the others. Less than twenty minutes later, Valentine has readjusted the brakes and we’re ready to go! How efficient!

Il n’empêche, j’ai eu un accueil si exceptionnel à Bucarest que j’en ai vite oublié tous mes malheurs! Arrivant crevée aux abords de la capitale roumaine, je m’arrête de nouveau pour essayer de régler ce problème de freins, mais je reçois un appel de Razvan, le RH de l’équipe de Philippe, qui me dit qu’il m’attend dans Mihailesti, un peu plus loin sur la route, et qu’il a avec lui « le meilleur spécialiste du vélo ». Donc, je me remets en selle et je les retrouve quelques centaines de mètres plus loin, filmant mon arrivée et visiblement très contents de me voir : Claudio, l’IT, Razvat, et Valentine, le spécialiste ! Oui, il ressemble vraiment à un spécialiste, vêtu d’un ensemble moulant de cycliste pro avec un nombre incalculable d’accessoires en tout genre, comprenant un phare au-dessus du casque, lui donnant un air de taupe de dessin-animé. Aussitôt arrivée, le voilà qui bidouille avec mon frein. J’essaie de lui prêter main forte, mais ça semble plutôt l’embêter. Du coup, je discute avec les autres. Moins de vingt minutes plus tard, Valentine a ajusté ses freins et on est prêt à partir ! Super efficace !

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I am escorted, as a VIP would be, all the way to the centre of Bucharest. Valentine in front, showing the way very professionally indicating each and every pothole (and there was quite a few!), and the two others following me. Philippe joins us to reinforce the escort with his car a little before entering the city. My first thoughts on Bucharest is that it seems like a really cool town. But it’s getting dark, and as today has been a really grey day, my batteries are running out. For those asking me if I could cycle with no energy well, I managed to pull Roger on the last 8 kilometres leading to the depot using only the force of my legs. Luckily, it was flat. There, my bike is stored and ready for the repair team to take care of it tomorrow. After this seemingly ceaseless day, Philippe brings me to an Italian restaurant. It’s so nice to have real food! I order a large pizza, and there’s nothing left of it after a few minutes. A nice reunion dinner but where, rather than talking about the good old times, we rather talk about the good new challenges ahead!  .

Je suis escortée, telle une véritable VIP, Valentine ouvrant la voie, de manière très pro, m’indiquant chaque nid de poule (et il y en avait un paquet), et les deux autres à l’arrière (voir très loin derrière) jusqu’au centre de Bucarest. Philippe nous rejoint pour renforcer l’escorte avec sa voiture juste avant d’entrer dans la ville. En découvrant Bucarest, je me dis tout de suite que ça a l’air d’être une ville super sympa. Mais il fait presque nuit, et, une fois n’est pas coutume, je n’ai plus de batterie. Pour ceux qui me demandaient si c’était possible pour moi d’avancer sans énergie, et ben, j’ai réussi à tirer Roger sur les 8 derniers kilomètres menant au dépôt à la seule force de mes jambes. Heureusement, c’était plat ! Là, mon vélo est rangé pour la nuit, et attend l’équipe de maintenance de demain. Après cette journée interminable, Philippe m’emmène dans un super restaurant Italien. Si bon de manger des vrais repas ! Je commande une grande pizza. Il n’en reste pas une miette quelques minutes plus tard. Un dîner de retrouvailles très sympa où nous échangeons sur nos projets à venir plutôt que de parler du bon vieux temps.

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Arrived just in time to BLS / Une arrivée à BLS qui tombe à pic
Day 23 – 17/06/2015 – 0 kms – Bucharest

Yes, today, TLS (train life services), the maintenance branch of Alstom Transport, has been transformed to BLS (bycicle life services). After a late wake-up and a interesting taxi ride where the driver was going on about corruption in Romania and the how ridiculously low wages were for “normal people”, unable to rent a flat by 30 yos, I arrive at the depot at around eleven. As soon as I arrive, I am greeted by several enthusiastic people in the corridors “Hi Pauline!”. Wow I’m a celebrity here! Everyone is really interested and wants to see Roger (He’s even more a celebrity than I am!). Gaby, head of the repair team, also comes to greet me and brings me back to the repair area. There, I meet with the operators that had volunteered for Roger’s 3000 kms servicing stop! They had actually already found solution to stop the batteries from tilting sideways in the pouch in which they are contained, and cut out two plates, to be set under each bag to ensure their horizontality. Amazing!

Oui, aujourd’hui TLS (train life services), la branche de maintenance de Alstom Transport, est devenu BLS (Bycicle life sevices). Après une bonne grasse mat et un voyage en taxi interessant, au cours duquel mon chauffeur s’étendait sur les problèmes dans son pays, la corruption, les salaires extremement bas des gens « normaux » qui, à 30 ans, ne peuvent même pas se loger, j’arrive enfin au dépôt aux alentours de 11 heures. Aussitôt arrivée, je suis saluée par de nombreuses personnes dans les couloirs « Salut Pauline, et bienvenue ! ». Wow, une vraie célébrité ! Tout le monde s’interesse et veut voir Roger (Il est encore plus sollicité que moi !). Gaby, à la tête de l’éuipe de réparation, m’accueille et me conduit au centre de réparation. Là, je rencontre les opérateurs qui s’étaient portés vonlontaires pour la révision des 3000 kms de Roger. Quand je suis arrivée, ils avaient déjà imaginé une solution pour mon problème de batterie qui avait tendance à se casser la gueule dans le sac avec deux plaques qu’ils avaient découpées et allaient fixer horizontalement sous les sacs. Incroyable !

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“What else?” So we go through a few little issues I had encountered during the trip and everything is taken care of. Their professionalism and attention for my bike is impressive, I am deeply touched about how seriously they take their mission. We even go to buy stuff in the nearby shops to make sure I have all the needed repair material and replacement kits. As soon as I come back from lunch with Razvan and Philippe, I am called upon by Doctor Lily, the site’s doctor, for a complete overview of my health status. Doctor Lily is quite a personage, a young feminine woman. As she takes my oxygen percentage, my blood pressure, weight ect she tells me about what it’s like to be a woman in this manly environment, especially working in a depot, where you need to be reactive as emergencies can be life threatening. But she also describes her infirmary as a little sanctuary for the employees when they are not feeling well and need a brake during the day. I can understand them, I almost fell asleep lying in the camp bed as he was talking to me! She had the infirmary specifically set up on the third floor so that employees have to make a small physical effort to go there. Apparently, it’s a Romanian tradition. I think I have rarely met anyone with such self-confidence, or at least in appearances. “Because we are Scorpios”.

“Mais encore?” Je leur explique quelques difficultés techniques rencontrées pendant le voyage qu’ils s’empressent à essayer de régler rapidement. Je suis vraiment impressionnée par leur professionnalisme et touchée par l’énergie qu’ils déploient pour s’assurer que je reparte dans les meilleures conditions. Nous partons même acheter quelques affaires dans les magasins aux alentours pour s’assurer que mon kit de réparation perso est au complet. Aussitôt rentrée du déjeuner, Docteur Lily, le docteur du site, me demande de la suivre dans son infirmerie pour faire une révision complète de la cycliste cette fois-ci. Un sacré personnage cette Lily, une jeune femme très coquette. Alors qu’elle mesure mon pourcentage d’oxygène, ma tension, mon poids etc elle m’explique qu’il faut un certain caractère pour être une femme pour occuper ce poste chez Alstom. En effet, il faut garder son sang-froid et savoir réagir rapidement car les urgences auxquelles elle est confrontée peuvent être question de vie ou de mort. Mais elle décrit aussi son infirmerie comme un petit refuge où les employés viennent se ressourcer quand ils sont épuisés et qu’ils ont besoin d’une pause dans leur journée bien remplie. Et je les comprends, je me suis presque endormie sur le lit d’infirmerie. L’infirmerie, elle l’a fait mettre au 3e étage spécifiquement pour que les patients aient à faire un petit effort physique pour l’atteindre. Apparemment, c’est une tradition Roumaine. Je crois que je n’ai jamais rencontré quelqu’un avec autant de confiance en soi, ou au moins en apparence. « Parce qu’on est Scorpions ».

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I am expecting my Kazakh and Azeri visa to arrive at the Alstom office in Bucharest today or tomorrow. Depending on the date, I’ll probably leave a day later. But, as I am taking advantage of this free time to work on a few pending topics for next year, the Kazakh embassy in France calls me : ”You will not get the Kazakh visa, I’m sorry”. “Whaaaaat?” “You have been to Guinea recently, you might have Ebola, we cannot let you enter the country” Seriously? Incubation period is 21 days and I’ve been there over 3 months ago. I try everything to convince her, but it’s no use. After several discussions with the consulate, I manage to negotiate an exceptional derogation. I need to get a document from a doctor saying that I don’t have Ebola. And in French of course, but official translation from a notary will do. OK no time to lose trying to negotiate more, I won’t get more. I immediately inform Philippe and Doctor Lily, who take an appointment for me at Medlife in an hour. The doctor is quite cooperative and the certificate is done in no time but it still needs to be translated. That will wait until tomorrow, it’s too late now.

J’attends mon visa Azéri et Kazakh que j’ai fait envoyer aux bureaux d’Alstom à Bucarest et qui doivent arriver aujourd’hui ou demain. En fonction de quand ca arrive, je serais probablement obligée de partir un jour plus tard. Mais, alors que je profite de ces instants de répit pour travailler quelques mails, l’ambassade du Kazakhstan en France m’appelle : « Nous ne pouvons vous donner le visa Kazakh, désolé » « Pardon ? » « Vous avez été en Guinée récemment, vous pourriez avoir Ebola, donc vous ne pouvez rentrer sur le territoire Kazakh » C’est le comble ! Après avoir rentrée et sortie de ce pays plus d’une vingtaine de fois en deux ans, on m’y interdirait l’accès ! La période d’incubation est de 21 jours et j’étais en Guinée il y a plus de trois mois. Je tente tout pour la convaincre, mais elle me dit que c’est la procédure. Heureusement, après une négociation difficile avec le Consul, je parviens à obtenir une dérogation exceptionnelle. Il faut que je parvienne à récupérer une attestation d’un médecin stipulant que je n’ai pas Ebola. Et en français, s’il vous plait, traduction officielle fera l’affaire. OK, pas de temps à perdre à négocier, c’est déjà pas mal. J’en informe immédiatement Philippe et surtout le docteur Lily, qui parvient à m’obtenir un rendez-vous chez Medlife dans une heure. Le médecin est plutôt coopératif et l’attestation écrite rapidement mais j’ai encore besoin de la faire traduire. Ca attendra demain.

I know I’m not leaving early tomorrow morning, as we have to find a translator and a notary, so it’s a perfect opportunity to visit Bucharest by night. Dinner is ordered in the interior courtyard of a typical Romanian restaurant. Cheerful singers and musicians wonder about between tables playing traditional music. Doctor Lily describes the beauty of the Romanian mountains and tells us about Vlad Tepes (trad. Vlad “the Impaler”), a wise and respected king of the Draculea dynasty, who was also feared as he was known to punish any infractions, from the smallest of lies to the worst crimes, by impaling the guilty. The legend says there was not enough trees in the forest to satisfy his will. All the stupid stories around his fictional character “Count Dracula” are inventions from the west with no touch with reality, from Doctor Lily’s point of view. Thanks to her, I even get a small souvenir!

Du coup, je ne partirais pas demain matin, c’est un fait, car je dois trouver un traducteur et un notaire. J’en profite pour découvrir Bucarest de nuit. Nous dinons dans la cour intérieure d’un restaurant typique roumain. Des chanteurs et musiciens enjoués se baladent entre les tables jouant des airs traditionnels roumains. Le docteur Lily nous décrit la beauté des montagnes roumaines, plus au Nord de là où je suis passée, et nous raconte l’histoire de Vlad Tepes (trad. Vlad l’«empaleur »), un roi de la dynastie des Draculea, sage et respecté, mais aussi craint, connu pour punir toute infraction, du plus petit mensonge aux pires des crimes, en empalant les coupables. La légende dit que la forêt ne comptait pas assez d’arbres pour satisfaire ses besoins. Toutes ces histoires débiles inventées par l’Occident autour du personnage « Comte Dracula » n’ont ni queue ni tête, d’après le docteur Lily. Grâce à elle, je repartirais même avec un petit souvenir !

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The rest of the evening is spent visiting Bucharest, wondering about through the small pedestrian streets full of nice and noisy bars. I can’t help noticing signs such as “hot massage” appearing in bright red neon above a great number of them. It’s Tuesday evening, but it seems that in these eastern capitals, the day of the week doesn’t really matter, there’s always a great atmosphere, with a lot of people in the streets and on the terraces, having a drink and dancing. After a delicious ice cream, we make a small detour to admire the “House of people”, the biggest administrative building in the world, and the second largest building in the world after the USA’s Pentagon. In his madness, Ceausescu had this building imagined by a 28-year old architect in 1986, but it was completed only in 1997, eight years after his death.

Nous passons le reste de la soirée à flâner dans les rues de Bucarest, errant dans les petites rues piétonnes remplies de bars sympathiques. Je ne peux m’empêcher de remarquer qu’un certain nombre d’entre eux affichent des néons un peu plus hauts tels que « hot massage ». C’est mardi soir, mais j’ai l’impression que peu importe le jour de la semaine, dans ces villes de l’est, il y a toujours une sacré ambiance, avec beaucoup de gens sur les terrasses qui s’apprêtent à faire la fête ! Après une glace délicieuse, on fait un petit détour par la « Maison du Peuple » (rebaptisé palais du parlement après 1989), le plus grand bâtiment administratif du monde, et deuxième plus grand bâtiment du monde après le Pentagone américain. Dans sa folie, Ceausescu avait confié la conception de ce bâtiment à une jeune architecte de 28 ans en 1986, mais il ne fût réellement terminé qu’en 1997, soit huit ans après sa mort.

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Hard to leave / Départ difficile
Day 24 – 19/06/2015 – 87,5 kms – Bucarest à Ruse

When I arrived to the office at eight, all the remaining work on Roger had been completed: the plates had dried (had been painted in black), screwed to the bike etc. Philippe had organized the doctor’s certificate to be translated to French and validated by a notary. At 10:30, I received the document and sent it to the embassy. Almost too easy! After a short lunch with Philippe, I head to my bicycle to pack up my stuff. There, everyone is waiting for me in a semi-circle around Roger. After a few jokes, as I am putting my feet on the pedal to leave, I hear their applauses behind me. And guys, I can tell you now, it might sound stupid but a tear was coming down under those sunglasses.

Thank you Alstom Romania and also a special thanks to Philippe. I could never had done it without you!

Quand j’arrive au dépôt vers huit heures, tout le travail qu’il restait à faire sur Roger était fini : les plaques avaient finies de sécher (ils avaient même pris le temps de les peindre en noir), vissés à la bête etc. Philippe avait organisé la traduction de l’attestation en Français et la faisait valider par un notaire. A 10 :30, je reçois le document et l’envoie à l’ambassade. Presque trop facile ! Après un court déjeuner avec Philippe, je me dirige vers mon vélo pour ranger mes affaires. Là, tout le monde m’attend en arc de cercle autour de Roger. Après quelques blagues avant de partir, alors que je pose le pied sur la pédale pour partir, j’entends leurs applaudissements derrière moi. Bon, maintenant les gars je peux vous le dire, ça peut paraitre idiot mais il y avait bien une petite larme qui coulait derrière mes lunettes de soleil.

Merci Alstom Roumanie et surtout un très grand merci à Philippe, sans qui je n’aurais eu aucune chance d’arriver jusqu’au Kazakhstan.    IMG_1013 

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From there to Ruse, the route beautiful and brand new Super-Roger is running super-fast. I randomly meet a very nice painter renovating the paintings of a church. His daughter will actually write to me a few days later to encourage me in my project after her dad gave her my bumper sticker. A beautiful connection! Later, a guy in a mini-van stops on a parking area on the side of the road and runs after me to hand me fresh Coca-cola cans, as fans would do in the “Tour de France”. People are just nice here. However, between Giurgiu and Ruse, a slight smell of stink reaches my nostrils as I get closer to crossing the majestic Danube for the 3rd time. Indeed, Ruse and Giurgiu are known to respectively be the most polluted cities of Bulgaria and Romania. As I cross the bridge, I observe many industrial buildings and oil shafts along the riverside. Not a very pretty sight. I make my way all the way to the city centre, and I am surprised to see how beautiful it is. Paved pedestrian streets, green parks and nice fountains.

De là jusqu’à Ruse (prononcé Roussé), je vois la vie en rose, la route est belle et le tout nouveau Super-Roger va vraiment super vite ! Je rencontre un peintre rénovant les peintures d’une vieille église. Sa fille m’écrira quelques jours plus tard pour m’encourager dans mon initiative après avoir récupérer le petit autocollant que j’avais donné à son père. Quel lien fantastique ! Plus tard, a gars dans un mini-van s’arrête un peu devant moi sur une aire de parking en bord de route. Il attend que j’atteigne son niveau en me regardant étrangement, puis d’un coup me courre après en me tendant des cannettes de Coca-cola bien fraiches qui sortaient tout juste d’une glacière, comme le feraient des fans sur un tour de France. Décidemment, les gens sont vraiment sympas ici ! Par contre, quand j’approche la frontière Bulgare, un pont traversant le Danube (3e fois), entre Giurgiu et Ruse, la puanteur de l’air m’étouffe d’un coup. En effet, Ruse et Giurgiu sont connues pour faire partie des villes les plus polluées respectivement de la Bulgarie et de la Roumanie. Alors que je traverse le pont, je vois pleins de complexes industriels and de puits de pétrole le long du fleuve. Ca n’est pas très beau. Je me fraie un chemin jusqu’au centre-ville, et je suis surprise par son charme. De petites rues piétonnes, des parcs verts et de belles fontaines.

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I am joined by Marie, my host for tonight, a former colleague’s niece, who was nice enough to welcome me in her boyfriend’s flat. After a few beers with a friend of theirs, Damien, who seems to be the veteran of the group, going out with a local girl and intending to settle for good in Bulgaria, we go out to eat something in a nearby restaurant. As I am talking with this bunch of VIE (international volunteering in enterprise), I see myself a few years back, when I was 24 years old, starting my VIE in Alstom Transport in Kazakhstan. “Life is cheap here” Compared to western standards, their wages are low, but here, they live like pashas. The east is their playground: Bucharest for the nightclubs, Varna and Burgas for the beaches. They tell me this town has known its apogee when the commercial agreements between Danuvian states were signed. But the town has been degrading ever since. Recently, the city centre has been renovated, that’s why it seemed so nice. We also talk about their projects for the future, they have so many! Why not stay here? It’s much easier to launch your own business than in the west apparently, which seems to be the dream of most young people nowadays. Be your boss is the new motto.

Je suis rejoint par Marie, mon hôte pour ce soir, la nièce d’un collègue de Belfort, qui m’accueille à bras ouverts chez son copain. Après quelques bières avec un de leurs amis, un certain Damien, le vétéran de l’équipe, qui sort avec une fille du pays et qui compte bien s’installer pour de bon en Bulgarie, on part manger un bout dans un restaurant du coin. Tandis que nous discutons, je me revois quelques années en arrière, à 24 ans, quand je débutais mon VIE à Astana pour Alstom Transport. « La vie est peu chère ici » Comparés aux normes de l’occident, leurs salaires ne sont pas élevés mais ici, ils vivent comme des pachas. L’est est leur terrain de jeu : Bucarest pour les sorties, Varna et Burgas pour les plages. Ils me disent que cette ville a connue son apogée quand le commerce du Danube a été facilité par différents accords. Mais la ville se dégrade depuis. C’est seulement parce qu’ils viennent de refaire tout le centre que ca parait nickel. On parle aussi de leurs projets d’avenir et rêves de réussite. Ils ont plein d’idées, et ça fait plaisir à voir. Pourquoi ne pas rester ici ? C’est bien plus facile de démarrer son business ici qu’en Europe de l’ouest apparemment, ce qui semble être le rêve de beaucoup de jeunes personnes de nos jours. Être son boss est le nouveau credo.

First camping! / Premier dodo en extérieur!

Day 20 – 15/06/2015 – 151 kms – Dobra à Streahia
Total: 2698 kms

I wake up with the view on the Danube and the sun shining bright. Just perfect! I leave to Romania, and continue cycling along this sumptuous river. From Donji Milanovac, where the first tourists are unperturbedly relaxing on the beach, I wanted to head back down south to cross the border at Negotin, shortening the itinerary. But I notice an indication on the map at the border there “with restrictions”. I don’t really know what that means but remembering my detour to cross the Serbian border, I don’t want to take my chances on that one. Learning from your mistakes is important: I continue along the Danube up to Dobreta-Turnu Severin. Anyway, I am a day in advance, and this road is so nice anyway!

Un réveil avec vue sur le Danube, une matinée magnifique et un grand soleil. Parfait ! Je repars vers la Roumanie, longeant toujours ce fleuve somptueux. A Donji Milanovac, où les premiers baigneurs se prélassent tranquillement sur la plage, j’avais prévu de redescendre vers le centre du pays et passer la frontière à Negotin, raccourcissant ainsi mon itinéraire. Mais je remarque une indication sur la carte au niveau du passage de frontière « avec restriction ». Je ne sais pas ce que ça veut dire exactement mais vu mon détour pour passer la frontière Serbe, je préfère ne pas prendre de risques. Apprendre de ses erreurs, c’est important : je décide donc de continuer à longer le Danube jusqu’à Dobreta-Turnu Severin. J’ai une journée d’avance, et puis elle est tellement belle cette route.

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After eating lunch in a small and shitty fast food, the only place I found, I cross to the Romanian side. The border is massive, I had never seen one so imposing. It is constituted of a dam, called the doors of steel, supporting a very large bridge, cutting across the Danube. Here we are, I’m really going to be lost from now on, as I am incapable of reading or understanding anything in this language, which is nonetheless supposed to have latin origins.

Après un déjeuner dans un espèce de stand fast-food tout pourri, le seul endroit que j’ai trouvé, je passe en Roumanie. Le poste frontalier est monstrueux, je n’en ai jamais vu d’aussi impressionnant, il est constitué d’un barrage appelé les portes de fer sur lequel passe pont très large qui traverse le Danube. Et ça y est, me voilà arrivée en terre vraiment inconnu. Je suis incapable de déchiffrer ou comprendre quoi que ce soit de cette langue aux origines latines (enfin, à ce qu’il parait).

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As I am riding away from the border, a guy driving next to me shouts at me, asking me to stop. It looks like he is angry about something but I don’t understand why. Then he gets out of the car, and I understand he is just very excited to see solar panels. As his mother, who had stayed in the car, is pleading me to come sleep at theirs, he tells me he has just bought a beautiful acre in the Romanian mountains, 1000 euros only, and that he wants to build a small wooden house there and equip it with solar panels. After multiple questions on how they work, and what is their efficiency, he tells me he has a lot of innovative ideas to make money and shares a few of them with me. Then, he starts talking about the 3rd world war and god’s willpower. How me managed to talk about this in a 20 minutes conversation still is unclear to me. “May God be with you !” he cries out to me as he leaves.

Alors que je m’éloigne de la frontière, un roumain en voiture passant à côté de moi me hurle dessus, me demandant de m’arrêter. Au début, je pense qu’il est mécontent mais je ne comprends pas pourquoi. Puis il sort de la voiture, et je comprends qu’il est tout fou, tout content de voir des panneaux solaires. Alors que sa mère, restée dans la voiture, m’implore de venir passer un nuit à la maison, il m’explique qu’il a acheté un terrain magnifique d’un hectare pour 1000 euros dans les montagnes, et qu’il veut l’équiper en panneaux solaires. Après un long interrogatoire sur les fonctionnalités des panneaux, leur capacité ainsi que leur fiabilité, il me dit qu’il a plein d’idées innovantes pour faire fortune et m’en confie quelques-unes. Puis il me parle de la troisième guerre mondiale et de la volonté de Dieu. Comment on en est arrivé là en 20 minutes de conversation m’échappe toujours. « Que Dieu te protège ! » s’exclame-t-il en partant.

But apart from this enthusiastic man, Romanians I have met up to now seem a little rougher, less extraverted. Maybe it’s just that I’m having trouble communicating in this language. On this impeccable road to Bucharest, there are a lot of villages that look as if they had been left behind. Many tall industrial buildings are abandoned, with all their glass windows smashed, and there is an impressive number of stray dogs. For the moment, I am still racing them out.

Mis à part cet homme enthousiaste, les Roumains que j’ai croisé jusqu’à présent semblent plus sauvages, moins extravertis. C’est peut-être aussi que j’ai plus de mal à communiquer dans la langue. Sur la route dans un état irréprochable qui mène à Bucarest, on croise de nombreux villages un peu laissés pour compte. De nombreux grands bâtiments industriels sont à l’abandon, l’intégralité de leurs vitres brisées, et le nombre de chiens errants est impressionnant. Pour l’instant, je joue à la course avec eux.

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As I am buying a few goods and changing a few Leus a village shop, lost in the middle of the Romanian countryside, I stumble upon Chris, an Australian from Tasmania. He is 26, as I am, and has saved enough money to travel during a year and a half. He looks very happy to meet another traveller. “Solitude is gaining up on me” he tells me. The great travellers’ solitude, I’d heard about it. Refusing to sleep in my tent out in the wild alone, I realize this is the perfect opportunity to do some camping. We decide to buy a few beers and to set up our tents a little further along the way. Sharing our dinners, the night will be spent talking about our experiences, our encounters, the good but also the bad ones. It’s amazing how easy it can be to say things you would never say to your best friends to a complete stranger!

Alors que je suis en train d’acheter des provisions et de changer des Leus dans un magasin de village, je tombe par hasard, perdu au milieu de la campagne roumaine, Chris, un australien de Tasmanie. Il a 26 ans comme moi et a économisé pour pouvoir voyager pendant 1 an et demi. Il a l’air très content de croiser un autre voyageur. « La solitude commence à me peser » me confie-t-il. La solitude des grands voyageurs, j’en avais entendu parler. M’étant promis de ne dormir en tente que dans le jardin de quelqu’un ou accompagnée par quelqu’un de confiance, nous décidons d’acheter quelques bières et de planter nos tentes ensemble un peu plus loin après le village. Mettant ce qu’on a pour dîner en commun, on passera la soirée à parler de nos expériences au cours de ce voyage, de nos rencontres, des bonnes et des moins bonnes. C’est impressionnant cette facilité qu’on peut avoir à dire des choses à un parfait inconnu, des choses qu’on ne dirait pas à ses meilleurs amis!

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Day 21 – 16/06/2015 – 168 kms – Streahia à Rosiori de Vede

I have really well slept ! Although I had forgotten what it is not to take a shower after having sweat all day. We quickly leave our camping site, chosen far from all sight , especially from the road’s, and take a big breakfast in a nearby shop. I’m quite impressed by Chris’ speed with his bags and all. He left 6 weeks ago and has an impressive rhythm. I ask him if wants to ride together up to Craiova, where he intends on spending the night at a couchsurfer’s. When we arrive there, we eat a last friendship pizza, rethinking the world together. I wish him good luck on the road before leaving and invite him. He hasn’t been invited by no-one since he left, it’s only fair. And we promise each other to try and meet up in Istanbul on the 24th.Let’s try to make it there in time.

J’ai super bien dormi ! Même si j’avais oublié l’effet que peut faire une absence de douche après avoir transpiré toute la journée. Nous déguerpissons rapidement de notre lieu de bivouac, choisi bien en dehors du champ de vision de la route, et prenons un long petit déjeuner dans une cafet’ un peu plus loin. Je suis impressionnée par la vitesse de Chris avec tous ses sacs. Il est parti depuis 6 semaines et a un rythme d’enfer. Du coup, je lui propose de faire le route ensemble jusqu’à Craiova, où il compte passer la nuit. Là, nous prenons une dernière pizza ensemble, tout en refaisant le monde. En partant, je lui souhaite bonne route et l’invite. Contrairement à moi, personne ne l’a invité depuis qu’il est parti ! Nous nous promettons d’essayer de se retrouver à Istanbul aux alentours du 24 juin. Pari à tenir !

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A few kilometres after Craiova, after having cycled uphill for some time, an extremely powerful side wind prevents me from moving forward. My potentiometer is set to maximum, and so is the power of legs, but I just can’t move forwards. I finally find a correct position to speed up to 10 km/h, with a slight angle, and I am pleasantly surprised by the fact my panels are not the ones slowing down my progression. I can see a thunderstorm in the distance and I am riding straight to it. From this open plain, you can distinguish the rain flow forming a thick body right I front of me and several lightning regularly illuminate the dark sky. However, from where I am, the sun still pierces from place to place through the heavy clouds. A beautiful sight!

Quelques kilomètres après Craiova, après être monté sur un petit plateau, un vent transversal extrêmement violent m’empêche d’avancer. Mon potentiomètre est réglé quasiment à pleine puissance, mes muscles aussi, mais j’ai vraiment du mal à avancer. Une fois que j’ai trouvé une position à peu près correcte pour avancer (à 10 km/h), légèrement de biais, je suis agréablement surprise par le fait que mes panneaux ne prennent pas du tout le vent, malgré sa puissance. Un orage se dessine au loin et je suis en train de foncer droit dessus. Depuis cette plaine dégagée, je peux voir le flux de pluie former un tronc foncé juste en face de moi et de nombreux éclairs qui illuminent régulièrement ce ciel sombre. Mais là où je suis, le soleil perce encore par endroit à travers des nuages lourds. Un très beau spectacle.

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I move on fearing what awaits me a few kilometres later. But, as I get closer, I understand the storm is being driven away in the opposite direction. Relieved, I rush on the tar, still wet as the storm and rain was here a moment ago. As soon as I catch up with the storm and start feeling drops of rain, I stop a few seconds to allow the wind to push the storm a little further.

J’avance tout en redoutant ce qui m’attend. Mais, au fur et à mesure que je me rapproche, je comprends que l’orage est progressivement dégagé dans la direction opposée à la mienne. Soulagée, je fonce sur le bitume encore trempé de la pluie qui avait dû inonder le sol quelques minutes plus tôt. Dès que je rattrape l’orage et que je sens des gouttes, je m’arrête quelques instants pour laisser le temps au vent de me pousser cet obstacle un peu plus loin.

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Finally arriving at Rosiori de Vede, I look for someplace to spend the night but most people avoid looking at me in the eyes. I don’t feel at ease here so end up in a little motel nearby. A very harsh day! Time to sleep!

Arrivée à Rosiori de Vede, je cherche un abri pour passer la nuit mais les gens me fuient du regard. Je ne suis pas en confiance ici et me résigne à payer une chambre dans un petit motel du coin. Une journée particulièrement éprouvante ! L’heure d’aller dormir !

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The so-called serbian austerity/ La soit-disant austérité Serbe

Day 18 – 13/06/2015 – 153 kms – Lipovac à Belgrade

When I wake up, Svetlana tells me to go get a cup of coffee in her bar for breakfast and refuses that I pay anything at all. It’s a habit here! In her coffee shop, there are only men, once again, including two cops. One man, seeming already quite drunk, starts a long tirade he thinks I don’t understand. Saying women shouldn’t do these kind of things, that all this made no sense ect. Croatian, like Slovenian and Serbian, is very similar to Russian, and I manage to grasp the general meaning of most conversations.

Le matin, Svetlana m’indique que je peux me commander un café dans son bar pour le petit déjeuner et refuse catégoriquement que je lui paie quoi que ce soit pour la chambre. Décidemment, c’est une manie en Croatie ! Dans son café, il n’y a que des hommes, dont deux flics. Un homme, semble-t-il déjà ivre, entame une tirade qu’il pense que je ne comprends pas. Que les femmes n’ont pas à faire ça, que c’était bête etc. Sauf que le Croate, tout comme le Slovène, ressemble beaucoup au Russe, et j’arrive à saisir l’essentiel.

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Leaving the drunk and his listeners behind, I head on to Serbia. Surprisingly, Roger is doing fine, as if yesterday’s adventures had put back in place one of his vertebra. We add the expected 30 kms to our itinerary, speeding through the wheat fields, up to Tovarnic, where the border that is authorized to cyclists awaits.

Laissant le bourré et son auditoire, je repars vers la Serbie. De manière assez surprenante, Roger va super bien, comme si ses mésaventures d’hier lui avaient remis une vertèbre en place. Nous faisons donc ce fameux détour de 30 kms, fonçant à travers les champs de blé, jusqu’à Tovarnic, là où la frontière autorisée aux cyclistes nous attends.

At the Croatian border, the customs officer scratches his head and asks me if I had come this way a few years back. I tell him this must have been someone else and talk about the Sun Trip. The Serbians custom officers can’t believe their eyes either “You know we see a lot of strange things around here, but this!”. To the answer “why alone? », I’ve found the answer: « because no one was crazy enough to come with me », which works quite well. One of them ask me if he can hop along.

A la frontière croate, le douanier se gratte la tête et me demande si je suis passé par là avec mon vélo il y a deux ans. Je lui dis que ça devait être quelqu’un d’autre, et lui explique le concept du Sun Trip. Les douaniers serbes, eux, n’en reviennent pas. « On en voit des choses bizarres, mais là ! ». A la question « Pourquoi seule ? », j’ai trouvé une réponse toute faite : « Parce que je n’ai trouvé personne d’assez débile pour venir avec moi », une réponse qui fonctionne bien. L’un deux me demande du coup si il peut venir.

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As soon as I cross the border, numerous stalls selling juicy-looking fruits line up on each side of the street. I stop to change a few Dinars and buy three nectarines. I’m really happy to see some Cyrillic characters: I don’t need to trouble to understand how to pronounce their “c”s with upside down hats. Cyrillic is pronounced exactly how it is read, which will make things easier from now on. As for the so-called Serbian austerity, I am still looking for it. The oldest houses in the villages seem to have a typical architecture (from the region?). The construction dates are indicated right above the front door, and I understand that, the oldest dating from around 1946, they were rerampartsbuilt after the war.

Aussitôt passé la frontière, des étalages de fruits appétissants en tout genre se succèdent. Je m’arrête prendre des Dinars et trois nectarines. Ce qui est agréable aussi, c’est les caractères cyrilliques : plus de galère à chercher comment se prononce le c avec des chapeaux à l’envers, le cyrilliques ça se prononce comme ça s’écrit, ce qui va me simplifier les choses ! Les maisons les plus vieilles semblent toutes avoir une architecture typique de la région (voir ci-dessous). Leurs dates de construction sont indiquées au-dessus de chaque porte, et je comprends que ce sont des reconstructions d’après la deuxième guerre mondiale, les plus vieilles datant de 1946.

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As for the so-called Serbian austerity, I’m still looking for it. Contrary to eastern Croatia, everyone wants to speak with me, ask me to stop to eat and drink with them, all greet me, and I can see the look in the elders’ eyes transforming to that of a child when they see me passing by, some even applause! I It’s almost a little uncomfortable! On the other hand, you can also see several open dumpsters on the side of the road. There is quite a lot, and I realize that, as I have only passed through little villages, I haven’t come across pollution for some time now.

Pour ce qui est de l’austérité serbe, je la cherche toujours. Contrairement à l’est de la Croatie, les gens m’interpellent, me demandent de m’arrêter manger et boire avec eux, tous me saluent. Je vois les visages des anciens se transformer ceux d’enfants émerveillés à mon passage, certains m’applaudissent même ! Ça en deviendrait presque gênant ! Le côté moins sympa, ce sont les déchetteries à ciel ouvert. Il y en a plein, et je me rends compte, que n’étant quasiment passée que par des petits villages, je n’ai rien vu de pollué depuis plusieurs jours.

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Arriving in Belgrade, I am surprised by how beautiful and modern the city is. I am welcomed by Djorje, a bicycle touristic guide, who, as soon as I set foot in his house, brings me back out to have a walk on the ramparts of the fortress up to the old town centre. There, all bars are packed with young people, girls are not wearing much clothes, and streets are full of people from all ages. I didn’t know Belgrade was so dynamic, there is an impressive amount of energy in this city! You simply want to sit down with a few friends on of these terraces and sing with the street musicians playing at every corner, making the crowds dance. It feels like partying!

Arrivée à Belgrade, je suis surprise par la beauté et la modernité de cette ville. Je suis accueillie par Djorje, guide touristique à vélo, et qui, aussitôt arrivée, me fait faire un tour se baladant sur les remparts den la forteresse jusque dans le vieux centre. Là, tous les bars sont bondés de jeunes, les filles habillées particulièrement court, et ça grouille de partout. Je ne pensais pas que Belgrade était aussi dynamique, il y a une sacrée énergie dans cette ville. On a envie de s’attabler avec quelques potes sur une de ces terrasses et chanter avec les musiciens de rues qui jouent un peu partout dans la ville et qui font danser les foules. Ça sent la fête !

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Djorje tells me he has read my last article. When I ask if he appreciated it, he winces. I should have seen it coming, it’s the article on Croatian hospitality. “You know, we don’t really like each other, Serbians and Croatians”. When I ask him why this is still true today, he answers it might have been religious issues at one time in history, but now this hate was rather passed through from one generation to the next. His father had gone to live with his mother in Croatia but in a Serbian village. Because of the government’s will to populate some areas, they had had to move and they had found themselves in a Croatian village, and it had been quite difficult. He tells me that when they had been to Dubrovnik with his friends, they forced themselves not to speak Serbian to avoid having problems. And European Union? Would you like to join? Djorje answers that he likes the idea off free circulation and the freedom to work anywhere. Unfortunately, this system was created by the powerful founding countries to control the market where they sell most of their goods, and that wasn’t fair to those countries relying more on services.

Djorje me dit qu’il a lu mon dernier article. Quand je lui demande s’il a aimé, il grimace. J’aurais dû m’en douter : c’était celui sur l’hospitalité croate. Il me dit : « Tu sais, on ne s’aime pas beaucoup avec les Croates ». Et quand je lui demande pourquoi c’est encore vrai aujourd’hui, il me répond que ça avait d’abord dû être des histoires de religion mais que maintenant, c’était des plus histoires de familles. Son père était parti vivre avec sa mère dans un village serbe mais en Croatie. Pour des histoires de peuplements de zones, il s’était retrouvé dans un village croate, et ça avait été très difficile. Il m’explique que quand ils étaient allés à Dubrovnik avec des amis, ils s’étaient bien gardés de parler Serbe pour ne pas se faire remarquer. Et l’Union Européenne ? Vous aimeriez en faire partie ? Djorje me répond qu’il aime bien l’idée de pouvoir circuler librement et aussi travailler partout. Mais pour lui le système a été créé par les puissants pays fondateurs pour contrôler le marché où ils font leur plus gros chiffre d’affaire, et ne profite pas aux pays se reposant plus sur le secteur des services.

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We come to the Bohemian block. There are dozens and dozens of small terrace restaurants, and a crazy atmosphere in the air. We stumble upon one of his colleagues, another cyclist, very cheerful, who seemed about to spend one heck of a night. I really need to come back to party here!

On tourne dans le quartier Bohème. Pleins de petits restaurants en terrasse s’amassent, il y a une ambiance de dingue. On croise une de ses collègues, une autre cycliste, très en forme, et qui s’apprêtait semble-t-il à passer une soirée bien agitée. Il faut absolument que je revienne ici faire la fête!

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Day 19 – 14/06/2015 – 151 kms – Belgrade à Dobra

It was difficult going out of Belgrade, it’s not that Serbians drive badly but rather very very fast. But, as soon as you get out of the city by the east, the area is splendid, very wild and hilly. Finally, I catch a glimpse of the Danube! But to get there, it’s non-stopping uphills and downhills!

Une sortie de Belgrade assez cauchemardesque, car les Serbes conduisent pas forcément mal mais très vite. Mais dès qu’on sort de la ville à l’est, on se retrouve dans une magnifique région sauvage et très vallonnée. Enfin, j’aperçois le Danube au loin ! Pour y arriver, ce sont des montagnes Russes incessantes.

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I am resting after a tenacious slope in a brand new restaurant, a lot of people stop to ask me questions. But the most enthusiastic are Milan and Jovan, alerted as they were working in the fields by their cyclist friends that had passed here a few minutes earlier. These two experimented travellers love adventure. They are happy that I am cycling on the Serbian side of the Danube. Usually, people rather chose the opposite side, the Romanian one, because the road is supposed to be much nicer there. I was actually starting to think, after what I’d read off the internet, that I was better off that way too. But Jovan tells me the road has just been redone, it’s new. He is actually currently trying to build a free shelter for cyclists coming near Smederevo, to promote the area because, he knows it, there is so much potential here (and I couldn’t agree more). When I tell him I have been really well treated since I’ve arrived in his country, he cries “At least one positive thing in Serbia”. He talks about Docteur Archibald Reiss, a great man for Serbia during the war, who fought for this country that wasn’t his (he is Swiss), but who wasn’t listened to by the Serbians authorities when he wrote a book, a few years back, pleading the Serbian government to change its state of mind. “Nothing has changed since”. Before even realizing it, they had paid for my drinks. If this goes on, I’m going to get used to it!

Alors que je me remets d’une montée particulièrement coriace dans un resto-bar tout neuf, beaucoup de gens s’arrêtent et m’interrogent. Mais les plus sont enthousiastes sont Milan et Jovan, prévenu par leurs copains cyclistes passés par là quelques minutes plus tôt alors qu’ils labouraient les champs. Ces deux grands voyageurs aiment l’aventure. Ils sont contents que je sois passée par le côté serbe du Danube. En effet, les gens choisissent plus souvent en face, côté Roumain, pour la qualité de la voie. J’étais d’ailleurs en train de doucement me décider à faire de même, après avoir trouvé des infos sur internet ne mettant pas le côté serbe en valeur. Jovan me dit que c’est dommage car la route ce côté vient d’être refaite ! Il essaie d’ailleurs de monter une zone d’accueil gratuite pour les cyclistes autour de Smederevo pour inciter les cyclistes à venir s’y promener car il le sait, il y a du potentiel touristique non exploité ici (et je confirme !). Quand je lui dis que j’ai quand même été super bien reçu jusqu’ici, il s’exclame d’un air dépité « Au moins ça fait un truc positif sur la Serbie ». Il me raconte l’histoire du Docteur Archibald Reiss, un grand homme pour la Serbie pendant la guerre, qui l’a défendu et s’est battu pour ce pays, mais qui n’a pas été écouté par les autorités serbes quand il a écrit un livre il y a 10 ans, appelant à la réforme de la pensée politique in Serbie. « Rien n’a changé depuis ». Avant d’avoir eu le temps de dire ouf, ils m’ont offert les boissons. Si ça continue, je vais prendre l’habitude de ne plus rien payer du tout!

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I ride along the Danube on the Serbian side, and I definitely don’t regret my choice. I can see the other side from where I am, and it doesn’t look as nice, as wild. Furthermore, Jovan had not lied concerning the road, apart from one or two sections in poorer condition, the road is globally impeccable. I pass under arks and ramparts of old fortresses completely abandoned to this vast forest. They are being restored however, as indicated by the big EU panel installed for everyone to see who’s financing. Jovan had mentioned all the projects launched by the EU in Serbia. Along this road, cities, such as Donji Milanovac, are being transformed in mini-beach resorts.

Je longe donc le Danube côté serbe, et je ne regrette pas mon choix. Je vois l’autre côté, la Roumanie, et ça me fait moins rêver, c’est beaucoup moins sauvage. En plus, Jovan n’avait pas menti, à part un ou deux passages où la route présente quelques imperfections, elle est impeccable. Je passe sous les arches et remparts d’anciennes forteresses, complètement abandonnées au milieu de la forêt. Ils sont en reconstruction, comme en témoigne un gros panneau planté bien en évidence de l’Union Européenne qui doit financer le projet. Jovan m’en avait parlé de ces projets de l’union envers la Serbie. Le long de cette route, des villes comme Donji Milanovac, sont en train d’être transformées en mini-stations balnéaires.

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I have planned to sleep in that city, but, thirty kilometres earlier, I come across a nice little B & B house. It has a beautiful garden that reaches all the way to the water, and a unique view on the Danube. I am one day in advance of my schedule, having almost spent nothing since I left, and my visas shouldn’t be in Bucharest before the 19th. So I decided to stop here, its summer time isn’t it? This beautiful day ends as I am bathing in the fresh waters of the Danube, between Serbia and Croatia. Tomorrow, I’ll be on the other side!

Alors que je vise cette fameuse ville de Donji  Milanovac pour dormir, je tombe, une trentaine de kilomètres en amont, sur une maison qui fait chambre d’hôte avec un jardin charmant, les pieds dans l’eau, et avec une vue imprenable sur le Danube. J’ai un jour d’avance sur mon programme, je n’ai quasiment rien dépensé depuis mon départ et en plus mon passeport avec mes visas n’arrivera à priori pas avant le 19 à Bucarest. Allez, je m’arrête là, c’est les vacances quand même ! Je finis cette belle journée en maillot de bain, dans une eau un peu fraiche mais agréable, entre la Serbie et la Roumanie. Demain, je passerais de l’autre côté !

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First hassles/ Les premières emmerdes

Day 17 – 12/07/2015 – 161 kms – Nova Gradiska à Lipovac
Total: 2075 kms

I leave Nova Gradiska at nine in the morning, taking advantage of the good internet connection and of the luxurious breakfast with fried eggs and bacon. I end up paying in Euros. In Croatia, it seems people prefer euros to Kunas. The boss waits for me at the gate to say goodbye, and I can feel he too dreams of adventure and would have left with me had he been able to. It’s not the first time I get this impression. He wishes me good luck on the road.

Je pars de Nova Gradiska vers 9 h seulement profitant de la connexion haut débit et du festin du matin. Je paie en euros. En fait, en Croatie, les gens préfèrent qu’on paie en euros j’ai l’impression, malgré le fait que la monnaie locale soit le Kuna. Le patron m’attend au portail, je sens qu’il veut que je l’emmène avec moi. Ce n’est pas la première fois que j’ai l’impression que quelqu’un veut que je l’emmène avec moi. Il me souhaite bonne route d’un air envieux.

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Generally, the more I go east, the more I can feel austerity growing. Croatians (from the east that is) are not as extraverted as Slovenians, and many of them look at me strangely without saying hi. There are fewer and fewer women in bars and cafés. You can find them a little further in the supermarkets.

Dans l’ensemble, plus j’avance vers l’est, plus je ressens une certaine austérité. Les croates (de l’est en tout cas) sont moins extravertis que les Slovènes, et beaucoup me dévisagent fixement sans me saluer. Il y a également de moins en moins de femmes dans les bars et les cafés. On les retrouve plutôt au supermarché quelques centaines de mètres plus loin.

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It’s in one of these bars, after having bought a sandwich, in which I enter to drink a fresh ice tea. As soon as I enter, I can feel all eyes staring at me, but that’s what I was expecting anyway. In these situations, there’s a magic recipe: a little of I-don’t-give-a-f***, a lot of self-confidence, and the determined attitude of someone knowing what he wants, and at the same time, a biiiiiig natural smile, nor forced, nor cynical. Smiling is the best weapon against the bullying laughs that can be generated by misogyny, but also xenophobia, racism or homophobia. Then, they come talking to you, asking where you’re from, what you are doing, but essential why you are doing it. You end up spending an hour laughing. Tonight, Italy’s playing against Croatia, so they’re preparing a big pig (and thus skewing it) right in front of me. They invite me to watch the match with them. I thank them but decline the invitation: the road awaits.

C’est d’ailleurs dans un de ces bars, après avoir acheté un sandwich, que je me pose pour boire un Thé glacé. Dès que j’entre, je me sens relooker de la tête aux pieds, mais je ne m’attendais pas à moins. Pour ces situations, j’ai une recette magique : une pincée de je-m’en-foutisme, une bonne dose de confiance en soi, et l’air affirmé de quelqu’un qui sait ce qu’il veut, le tout, en arborant un grand sourire naturel, ni forcé, ni cynique. Le sourire est la meilleure arme contre les rires goguenards que peuvent engendrer la misogynie, mais aussi la xénophobie, le racisme ou l’homophobie. Puis, ils viennent vous parler, demander d’où vous venez, ce que vous faites et surtout pourquoi. Et on en vient même à passer une bonne heure à rigoler. Ce soir, c’est le match de foot Croatie vs. Italie, du coup, ils préparent (et embrochent du coup) un gros cochon devant moi. Ils m’invitent à voir le match avec eux. Je les remercie mais je leur réponds que j’ai de la route.

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Road ? Well not really… rather track ! To reach Lipovac, where I intend on spending the night, I first get very nice long roads that cut through the wheat fields, along the highway. After a few kilometres, the road becomes a track. There are no other roads leading to Lipovac but this one. Well, I tell myself, a perfect training for the Kazakh tracks, let’s validate Roger on tracks in poor conditions. And it’s supposed to be only 10 kms. Not that bad is it? Littered with potholes, rubble, wood, and pointy rocks, the track meanders into the woods. I am clutched to the handlebar, Roger is shaken in every direction but hangs on. However, he regularly loses tube’s bits used to maintain the solar panel on the structure. I replace them several times and even sacrifice one of the two replacement tubes I had in reserve, rather trusting the tubes solidity than the panels’.

Enfin de la route… de la piste plutôt ! Pour rejoindre Lipovac, où je souhaite me rendre, j’emprunte d’abord de longues routes bien goudronnées qui coupent à travers les champs, longeant l’autoroute. Au bout d’un moment, la route devient piste et il n’y a pas d’autre solution sinon que de revenir sur mes pas et me rajouter plus de 100 kms. De toute façon, il faudra bien valider Roger pour la piste kazakhe non ? Et puis ce n’est que 10 petits kilomètres d’après ce que je comprends. Allez c’est parti ! Jonchée de nid de poules, de gravas, de bûches, de cailloux pointus, la piste serpente jusque dans les bois. Je suis cramponnée au guidon, Roger est secoué dans tous les sens mais tient bon. En revanche, il perd régulièrement les morceaux de chambre à air qui maintiennent les panneaux fixes sur les structures. Je les remplace de nombreuses fois et dois même sacrifier une chambre à air des deux que j’avais prévu de secours pour le voyage, faisant plus confiance à la solidité de la chambre à air qu’à celle des panneaux.

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After 10 kms, very tired and covered in smashed moskitos, I realize the road along the highway does not exist and that I have to take another track through the forest, 15 kms this time. Off we go again. This time, being tired and all, Roger skids from time to time, catching the handlebar at the last minute… right… left… right… left… and straight. It’s motocross. But in return, I get to witness beautiful scenes that nature offers me: Bambi and his mother crossing the path a few meters away, looking at me calmly, and a few families of very (very) large black and white wading birds with bright red beaks and legs, taking off as I passed by.

Arrivée au bout des 10 kms, complétement lessivée et couverte de moustiques venus s’écraser sur moi avec la vitesse, je me rends compte qu’il n’y a plus de route qui longe l’autoroute et qu’il me faut emprunter une autre piste par la forêt, de plus de 15 kms. C’est reparti. Cette fois, avec la fatigue, je laisse Roger déraper complétement par moment, rattrapant le guidon de justesse… droite… gauche… droite… tout droit. C’est du motocross, ni plus ni moins. Heureusement, ce passage en forêt me permettra aussi d’être spectateur de belles scènes de la nature : Bambi et sa maman traversant la piste à quelques mètres de moi, m’observant, sans s’affoler, et plusieurs envols de familles de très (très) grands échassiers blancs et noirs, aux pattes et becs rouges vifs.

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I finally arrive at the end of the trail, happy to have done it. But there, another obstacle awaits. A large fence is blocking my way, and on each side, a deep ditch, full of nettles and tall and hostiles plants. I pray for it not to be closed. Well of course it is, and with a big locker. I can’t make Roger pass under the fence, mathematically, that’s not possible. Above, let’s not even think about it. No time to lose, I take Roger’s wings off. I throw Roger in the ditch. I carefully, well as much as possible, pass the solar panels above the fence. After several trying out, I manage to pull Roger out of the ditch on the other side. YES ! We can go !

J’arrive enfin en bout de piste, heureuse d’y être arrivée. Et là, devant mes yeux ébahis, une grosse barrière rouge me barre le chemin, et de chaque côté, un fossé profond, plein d’orties et de plantes hautes et hostiles. Je prie pour qu’elle ne soit pas fermée à clé. Et ben si, et avec un gros cadenas en prime. Je ne peux pas faire passer Roger dessous, mathématiquement, ca n’est pas possible. Dessus, ce n’est pas la peine d’y penser… Pas de temps à perdre, j’ôte ses ailes à Roger que je balance dans le fossé. Je fais soigneusement, enfin autant que possible, passer les panneaux par-dessus la barrière. M’y reprenant à plusieurs reprises, je parviens à faire sortir Roger du fossé de l’autre côté. A Y EST ! On peut repartir !

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Arriving in Lipovac, it’s 9 pm and I still don’t know where I am sleeping. I must look like a hermit and Roger like a bush, after our little commando adventures. There’s almost no one out at this time of day in this sad village. I ask a bunch of old ladies on the benches if they know where I can sleep. “You need to take the highway, there’s nothing here”. But I have a tent, in a garden maybe? “You can set your tent up here if you want” they answer indicating the side of the road. I’ve wasted sufficient time speaking to these nasty hags and come across a modern-looking young girl. She tells me she’s working tonight but that a woman is renting out cheap rooms in a café nearby. She presents me to Svetlana and her daughters who speak a little English. With that name it must be that “You speak Russian?” Of course, Svetlana is Russian. “Because I lived in Moldavia” Well, I didn’t understand the link, but whatever, if someone can explain.

Arrivée à Lipovac, il est 21 h et je ne sais toujours pas où je dors. Je dois ressembler à un ermite et Roger à un buisson, après nos petites aventures de commando. Il n’y a quasiment personne dehors dans ce village triste. Je demande aux vieilles femmes sur des bancs si elles savent où je peux dormir. « Il faut reprendre l’autoroute, il n’y a rien ici ». C’est une blague ? Mais j’ai une tente, un jardin peut-être ? « Tu n’as qu’à la planter là » me répondent-elles en désignant le bas-côté de la route. Bref, je ne m’attarde pas avec ces mégères désagréables et tombe un peu plus loin sur une jeune fille qui avait l’air assez moderne. Elle me dit qu’elle travaille, mais qu’une femme loue des chambres pas chères du tout dans son café à deux pas d’ici. Elle me présente à Svetlana et ses filles qui parlent un peu anglais. Avec un nom comme ça, « Vous parlez Russe ? » Evidemment, Svetlana est Russe. « Parce que j’ai vécu en Moldavie ». Alors là je n’ai pas compris le rapport, si quelqu’un veut bien m’expliquer.

Svetlana is a hard-looking woman, head of her family, you can feel she’s manages everything. She doesn’t smile a lot at the beginning, surprised by the unexpected guest, but relaxes after a few sentences spoken in her native language. And there comes the final bad news of the day: although we are currently under a kilometre away from the Serbian border, you can only cross by the highway, which is forbidden to me of course. Tomorrow, I will thus have to do a new detour of over 30 kms to cross the border someplace else. Well, at least the room, which is actually a whole flat, is very nice. I fall asleep very fast after this hard day; the first hassles, but surely not the last.

Svetlana est une femme dure, une chef de famille, on sent que c’est elle qui tient la baraque. Elle ne sourit pas beaucoup au début, surprise par mon arrivée inattendue, mais se détend après quelques phrases échangées dans sa langue natale. La nouvelle qui finit de m’achever : bien qu’on soit à moins d’un kilomètre de la frontière Serbe, ici, on ne peut la traverser que par l’autoroute, ce qui m’est bien évidemment interdit. Demain je devrais donc me taper un nouveau détour de plus de 30 kms pour traverser la frontière. Bref, la chambre, c’est en fait un appart entier, et bien équipé avec ça. Je m’endors comme un bébé après cette journée difficile ; les premières emmerdes, mais sûrement pas les dernières.  

     

Croatian hospitality/ L’hospitalité croate

Day 16 – 11/07/2015 – 151 kms – Brckovljani à Nova Gradiska
Total : 1914 kms

In the morning, although we are very close to Zagreb, I am woken up by the singing rooster. Zeljka left to keep her nephew, but her mother is nice enough to spread sun cream on my back. After having thanked the whole family for their hospitality, I find the southern route along the Bosnian border. I realize that I still don’t have any Kunas, the local currency. I stop in front of a bar on the way, completely empty at this hour of day and most probably closed, telling myself I will look for the info on the web. On the porch, there is a woman, around fifty years old, with a dull expression on her face. Answering there is no internet here, I try to make her understand that I am trying to change euros: « Kuna … Euro … Euro … Kuna ». No problem, I give her 20 euros et ask for 140 Kunas, and she leaves behind the bar. She comes back with 150 “I checked, it’s 150” she tells me in Croatian with a big smile on her face.

Le matin, je suis réveillée par le coq qui chante (alors que je suis quasiment en ville !). Zeljka est partie garder son neveu. C’est donc sa mère qui a la gentillesse de me met cette fameuse crème dans le dos. Après avoir chaudement remercié toute la famille, je pars en direction de la route qui longe la frontière Bosniaque au Sud. Je réalise que je n’ai pas toujours pas de Kuna, la monnaie locale. Je m’arrête devant un troquet sur la route, vide à cette heure et surement fermé d’ailleurs, me disant que je vais aller chercher cette info sur internet. Il y a là, sur le porche, une femme d’une cinquantaine d’année à l’air morose. Alors qu’elle me répond qu’il n’y a pas internet ici, j’essaie de lui faire comprendre que je cherche à changer des euros. « Kuna … Euro … Euro … Kuna ». Pas de problème, je lui donne 20 euros et lui en demande 140, et la voilà qui part derrière la caisse. Elle revient avec 150 « J’ai vérifié, c’est 150 » me dit-elle avec un grand sourire.

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Seeing how I speeded at the end of the day yesterday, today, I have almost no energy left (again) et I randomely come across an “Agrotourism” farm lost in the Croatian countryside. It is called “Kezele” and I would recommend anyone going to Croatia to definitely check it up (Graberje Ivanicko). A truly wonderful place. The father and tenant bows to me as I enter his property! He looks like a real joker. And there the inevitable question is finally asked for the first time: “But where is you man? You’re alone ? ». And I know it’s not the last time.

Vu mes performances de la veille, aujourd’hui, je n’ai plus du tout de batterie et je trouve, complétement par hasard une ferme d’ «Agrotourisme » perdue au milieu de la campagne Croate nommée « Kezele » que je vous recommande si vous avez l’occasion de passer en Croatie (Graberje Ivanicko). Un endroit splendide. Le père de famille et patron me fait révérence alors que franchit son portail ! Ça a l’air d’être un sacré comique. Et là, la question fatidique retentit pour la première fois : « Mais où est ton homme ? Tu es toute seule ? ». Je sais que je ne vais pas y couper.

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I’ve been sitting here for the last 1 hour and a half and am about to leave when the tenant comes and offer me all the food and beverages I want. Although I’m not very hungry, I understand I cannot refuse, this is Croatian hospitality! As soon as I accepted the offer, he discreetly returns to work. I’m amazed by the generosity and hospitality people have showed me up to now! The young waitress, with which I had spoken before, asking questions about Roger, brings me a enough food to feed a whole family. Maybe I shouldn’t of had changer any Kunas at all! I still have Andy’s sandwich in my bag, as I haven’t yet found the opportunity to eat it.

Alors que ça fait 1 :30 que je recharge tranquillement mes batteries et que je m’apprête à repartir, le patron de l’auberge vient m’offrir à manger et à boire à volonté : bières, soupes, viandes etc. Bien que je n’aie pas très faim, je comprends que je n’ai pas le droit de refuser, c’est l’hospitalité à la Croate ! Aussitôt accepté, le patron s’efface en me disant qu’il doit aller travailler. Décidemment, les gens m’étonnent par leur hospitalité et leur générosité. La jeune serveuse, avec laquelle j’avais discuté précédemment, étant venue s’enquérir sur les fonctionnalités de Roger, m’apporte aussitôt de quoi nourrir un régiment. J’ai bien fait de changer des Kunas, moi ! Je me trimballe toujours le sandwich que m’a offert Andy la veille, n’ayant pas encore trouvé d’occasion de le manger… 

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Leaving this idylic place, thinking about the human race’s true nature, I take a route going North instead of the one going South. I end up doing 20 kilometres more than the original plan. OK, it’s a lot, but I manage de catch a beautiful road, nicely asphalted, with little bumps, leading me directly to Nova Gradiska where I will spend the night.

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Repartant de ce lieu idyllique, songeuse sur la nature de la race humaine, je me trompe complétement de route, et prends l’axe Nord-Sud vers le Nord au lieu de le prendre vers le Sud. Résultat : une vingtaine de kilomètres de détour. Bon, c’est vrai, c’est pas mal, mais je récupère une route magnifique, bien goudronnée sans trop de déformations, qui me mènera directement jusqu’à Nova Gradiska où je compte passer la nuit.

Contrary to the small Slovenian villages, with their numerous small and sinuous streets, from now on I start to recognize some clear traces from the Soviet times: one straight central road, cutting through all villages, and houses lining up on both sides of the road. But they don’t have, as villages in Central Asia or Caucasus do, these typical Soviet tall walls hiding the view of the backyard and the garden, instead, they have see-through gates! Although there are a few brand new brick houses with no charm, and numerous abandoned properties, which might have been beautiful at the time by the way, but that seem to have been bombed since then, there are also incredible residences.

Contrairement aux petits villages slovènes, avec plein de petites rues qui s’entremêlent, à partir de maintenant, on retrouve clairement une trace de soviétisme très nette : une route centrale qui traverse tous les villages, et des maisons qui se succèdent de part et d’autre. A la différence des villages du Caucase ou d’Asie Centrale, en dehors de leurs états beaucoup plus soignés, de grands murs typiquement Soviets ne viennent pas obstruer la vue de l’arrière-cour et du jardin, et heureusement ! Bien qu’il y ait quelques maisons de briques rouges toutes neuves et sans charme, ainsi que de nombreuses propriétés à l’abandon qui avaient dû jadis être belles mais semble-t-il ait été bombardés, il y a aussi beaucoup de somptueuses demeures.

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And although the front side of the house is never the same, with very different styles, but a harmonious global effect, the inside architecture of the properties is often more or less the same and it’s beautiful. A very big flowery courtyard with stylish garden chairs, under a roof of vine leaves; a little further a well or a fountain, and behind that, a barn, decorated with old trolley wheels hanging from the wooden walls, storing a truck and hay. Most of the time, children are running after the chicken in the courtyard as the parents are working in the fields, extending the property behind the barn.

Et bien que la devanture de la maison ne soit jamais la même, avec des styles assez différents mais avec un rendu global harmonieux, l’architecture intérieur est souvent la même et ça fait rêver ! Une très grande cour intérieur fleurie avec soin et des chaises de jardins coquettes, abritées d’un toit de plantes grimpantes; plus loin un puit ou une fontaine, et derrière une grange décorée d’anciennes roues de chariots pendant aux murs en bois abritant un gros tracteur et du foin. Souvent des enfants courent après les poules dans la cour pendant que les parents sont dans les champs, s’étendant derrière la grange.

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All houses are guarded by dogs, often very big wolf dogs husky type or Alaskan Malamute, that are clearly not just pets. I am chased by a few small dogs that weren’t tied up. They don’t scare me, but I try and get my gaz spray out while cycling, but without using it, and consider it as a training for the Romanian stray dogs. I am very tired tonight, and although I’ve meet so many great people, I haven’t slept early once since I left, having fascinating conversations every night. Tonight, I decide to go to a motel. I find Maksimilien, 20 e per night, breakfast included et very sympathetic waiters, with whom I start talking. The boss, whose son has studied at La Sorbonne and currently lives in Paris, pays me diner and all I want to drink… Do they all do that? After, he discreetly leaves not to bother me more. I don’t know what more to say, it speaks for itself, doesn’t it?

Toutes les maisons sont gardées par des chiens, souvent de gros chien-loup type husky ou Alaskan malamute, qui n’ont pas comme seul rôle d’être un animal de compagnie. Je me fais courser d’ailleurs par de petits chiens dont la grille était restée ouverte. Ils ne me font pas peur ceux-là, mais je m’entraine néanmoins à sortir ma bombe lacrymo tout en roulant, mais sans m’en servir, sachant que je peux facilement les semer si j’accélère la cadence. Les chiens sauvages roumains, eux, ça va être une autre histoire… Je suis assez fatiguée ce soir, et bien que très enrichissants, ces séjours chez l’habitant ne m’ont pas permis de beaucoup dormir, pris dans des conversations passionnantes jusqu’à tard le soir. Ce soir, je décide donc de m’autoriser une nuit en motel, que je trouverais sur mon lieu d’arrivée. Je trouve le Maksimilien, à 20 e la chambre, petit déjeuner compris et des serveurs super sympas avec qui je tape la causette. Le patron, dont le fils a fait la Sorbonne et vit à Paris, m’offre le diner et tout ce que je veux boire… Décidemment ! Et pareil, après avoir offert ça, il s’efface, ne voulant pas me déranger davantage. Je ne sais plus quoi dire, ca parle de soi-même non ?

Reminder: As of today, 3295 kms have been sold for Electriciens sans frontières’s project in Ethiopia! Thank you so much to all that have contributed. Only 5705 kms left to buy to guarantee a better access to water and health services to 750 people for the 10-15 years to come. I’m counting on all of you, family, friends, colleagues, and other supporters of my cause, to partake, at your level, to this collectif effort. To donate, follow this link: https://www.leetchi.com/c/solidarite-alstom-foundation-project .

Rappel : A ce jour, 3295 kms ont été vendu pour le projet d’Electriciens Sans Frontières en Ethiopie ! Merci du fond du cœur à tous ceux qui ont contribué. Plus que 5705 kms à acheter pour offrir à 750 personnes un meilleur accès à l’eau et aux soins pour les 10-15 prochaines années. Je compte sur vous, famille, amis, collègues et autres supporteurs de la cause, pour participer chacun à votre niveau à cet effort collectif. Pour participer, suivez ce lien : https://www.leetchi.com/c/solidarite-alstom-foundation-project .

Under the cover/ Derrière les apparences

Day 15 – 10/07/2015 – 174 kms – Velike Lasce à Brckovljani

Every morning, Mija wakes up at 5:30 to go work in Ljubljana. But I stay a little longer with her friend Janez once she is gone to finish charging my batteries. He offers me a yellow vest, to wear on roads where traffic is important. That’s my 4th gift and I’ve only been gone for a few days. What’s it going to be at the end! Suddenly, as I was sitting on the front porch, trying to communicate with Janez, a man comes up to us and holds out his hand to greet me. “Hi Pauline, my name is Andy, and I am so happy to meet you”. What? How does a guy in a small village lost in Slovenia know my name? “I know everything about you, you’re 26, you left from France, you’re Miss Sun Trip and I’m so so so happy to meet you!” OK, so it can’t be a coincidence! “Who are you?” It turns out Andy is the founder of Slovenian Solarbikes, and Florian Bailly’s (the organizer of the Sun Trip) main contact in Slovenia! He looked for me on the map, tracking me with my GPS to say hi, before going to give a helping hand to Elise and Denis who had a component that burned in their regulator (fuse?)! But before leaving, photoshoot and food distribution are in order: Andy loads me with sandwiches, crackers, orange juice… And I thought I was going to lose some weight during this trip!

Tous les matins, Mija se lève à 5 :30 pour aller travailler à Ljubljana. Mais je reste un peu plus tard avec son ami Janez après son départ pour finir de charger mes batteries. Il m’offre un gilet jaune fluo, à porter sur les routes les plus passantes. C’est mon 4e cadeau et je ne suis partie que quelques jours. Qu’est ce que ca sera à la fin ! Soudainement, alors que Janez et moi étions assis devant la maison, essayant tant bien que mal de communiquer, un homme se plante devant moi la main tendue en signe de bonjour. « Bonjour Pauline, je m’appelle Andy et je suis trop content de te rencontrer enfin » Hein ? Comment un gars d’un petit village paumé au milieu de la Slovénie connait mon nom ? « Je sais tout de toi, tu as 26 ans, tu es partie de France, tu es Miss Sun Trip et je suis super content de te rencontrer ! » Ouais, là ça fait un peu beaucoup pour que ce soit un hasard. « Qui es-tu ? » Andy est en fait le fondateur, d’après ce que j’ai compris, de « Slovennian Solarbikes », et le contact privilégié de Florian, l’organisateur du Sun Trip, en Slovénie. Il m’a cherché sur la carte, me suivant grâce à ma balise GPS juste pour dire bonjour, avant d’aller donner un coup de main à Denis et Elise, qui avait un problème technique avec un de leurs régulateurs. Mais, avant de partir, une séance photo et remise de nourriture sont de rigueur : Andy me charge de sandwichs, crackers, jus d’orange… Et moi qui pensais perdre du poids pendant ce séjour !

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Leaving Andy and Janez behind, the bucolic paths continue taking me from hill to hill, from wonder to wonder. It’s seems Slovenians have understood the key to being happy, and live the ideal lifestyle, in total harmony with nature. They all smile as I pass them. Each and every household seems to be self-sufficient, growing crops in their gardens: tomatoes, salad, wheat, eggplants, mint and all kinds of fruit. But breeding cows, sheep, horses and chickens is also very common. Furthermore, Slovenians are truly excellent drivers, very respectful of cyclists on the road, as cycling culture is very developed in this country. I’ve come across so many of them, racing in theses beautiful mountains. It’s funny how cyclists greet each other, a discreet nod meaning we’re part of the same team.

Alors que je quitte enfin ce nid douillet, les chemins bucoliques continuent de me transporter de colline en colline, de merveille en merveille. Il me semble que les Slovènes ont tout compris, et ont adopté un mode de vie idéal, en parfaite harmonie avec la nature. Ils sourient tous quand j’apparais, acquiesçant d’un hochement de tête approbateur. Chacune des maisonnées semble auto-suffisante, cultivant leur jardin : tomates, salade, blé, aubergines, menthe et toutes sortes de fruits et légumes. Mais l’élevage de moutons, vaches, chevaux, et poulets semble aussi être la norme. En plus, les Slovènes conduisent très bien, et sont extrêmement respectueux des cyclistes, car là-bas, c’est un sport largement pratiqué. J’en ai croisé tellement, parcourant ces magnifiques montagnes. C’est d’ailleurs assez rigolo la manière dont ils se saluent, un hochement de tête discret qui veut tout dire : on est dans la même équipe !

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As I stop in a nearby Inn, I start a conversation with the barman and his friend, a cook, who both speak very well English. They tell me what I see of Slovenia is only the front golden cover of an old rotten book. Slovenia isn’t what it was twenty years ago, and the economy is catastrophic. Contrary to what people think, corruption is everywhere and also the price of goods is very low compared to the west, salaries are outrageous. The cook gives me his salary: 600 euros per month. I wasn’t expecting a salary lower than that of the average Kazakh (800 euros) and I must admit I was quite surprised. This young man has the elegancy of not asking for mine but understood by my reaction it was much higher. But they also acknowledge that, in this land of farmers and breeders, no one is hungry.

Arrêt dans une auberge du coin, je commence une conversation avec deux gars, le barman et un ami, cuisinier, qui parlent bien anglais. Ils me racontent que ce que je vois de la Slovénie est en fait la couverture dorée d’un vieux livre tout pourri. La Slovénie n’est plus ce qu’elle était, et l’économie est une catastrophe. Contrairement à ce que peuvent penser les gens, la corruption est assez pratiquée et bien que le prix des denrées soit bien plus faible qu’en Europe occidentale, les salaires sont anormalement bas. Le cuistot me donne son salaire : 600 euros/ mois. Je ne m’attendais pas à un salaire plus faible que le salaire moyen Kazakh (800 euros) et je dois avouer que j’ai été très surprise. Ce jeune homme a l’élégance de ne pas me demander le mien mais a bien compris, au vu de ma réaction qu’il devait être bien plus élevé. Mais ils reconnaissent également que, sur cette terre de fermiers et d’éleveurs, personne ne meure de faim.

At midday, I stop at Novo Mesto to have lunch with Andrej, a couchsurfer who invited me to sleep at his yesterday. Unfortunately, I couldn’t reach his town before nightfall! As an electrical engineer, he was very interested in the solar bike and really wanted to see the beast and ask questions. He asked me what I would change with a bigger budget. I reply the engine, the width of the panels, and add a regenerative brake, which could have been very useful in mountain areas! He agrees and bets he can build one himself. Can’t wait to see it!

A midi, je m’arrête à Novo Mesto pour déjeuner avec Andrej, un couchsurfer qui m’avait invité à dormir chez lui hier. Malheureusement, je n’avais pas pu atteindre la ville avant la nuit. En tant qu’ingénieur électricien, il était particulièrement intéressé par Roger et voulait vraiment voir la bête et me poser des questions. Il me demande ce que je changerais avec plus d’argent et un peu de recul. Je lui réponds le moteur, la largeur des panneaux, et je rajouterais un frein de récup, ce qui aurait été particulièrement utile dans les zones montagneuses. Il semble d’accord et parie qu’il peut en faire un lui-même. J’ai hâte de voir ça !

After lunch, I recuperate the valley leading me to Croatia. The mountain area is behind me, and from now on it is flat all the way to Zagreb. I finally cross the border. You should have seen the look on the customs officer’s face: “You are now about to leave the Schen… But what the hell is that?” A real shame I didn’t record it ! At the beginning, there’s not much difference with Slovenia, but as we get closer to Zagreb, infrastructures’ and roads’ condition start degrading. I need to get to the other side of Zagreb, where my host awaits. I don’t have time to go around and cut straight through! A very large main road with not much interest. As I rush through Zagreb, my host sends me the exact address which is actually 10 kms further then what I thought! I’m playing with fire, no, it’s not completely dark yet, not completely. The end of my crazy race to fly over the potholes consumes all the energy I had saved up for tomorrow…

Après le déjeuner, je récupère la vallée me menant directe en Croatie. La montagne est derrière moi, et à partir de maintenant c’est relativement plat jusqu’à Zagreb. Enfin, je traverse la frontière. Vous auriez dû les têtes des douaniers : « Vous vous apprêtez à quitter la zone Schen… Mais qu’est-ce que c’est que ce truc ? ». Dommage de ne pas l’avoir enregistré. Au début, pas de grand changement avecla Slovénie, mais plus on se rapproche de Zagreb, plus les routes et infrastructures  se dégradent. Je dois me rendre de l’autre côté de Zagreb, où mon hôte m’attends. Je n’ai pas le temps de contourner la ville. Tant pis, je prends la grosse route sans charme et sans intérêt qui la traverse d’un trait. Alors que je me précipite à travers Zagreb, mon hôte m’envoie son adresse exacte qui est en fait à 10 kms de là où je pensais devoir me rendre. Je joue avec le feu, non il ne fait pas encore noir, enfin pas complétement. La fin de cette course furieuse, survolant les nids de poules, me fait consommer ce qu’il me restait d’énergie pour demain…

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Zeljka welcomes me to her parent’s house, in a village about 25 kms from the center of Zagreb, where she lives independently on the second floor. Home-made sausages and ham, some cheese and cherries from the garden… absolutely delicious! It’s actually so good that I end up eating everything that is presented to me! Zeljka is a young philosophy and ethics high school teacher, passionate about cyclo-tourism, having travelled in many places in Europe with her friends and her boyfriend: Bosnia, Slovenia, Germany and so many more I can’t remember. Jobs are so hard to get in Croatia, she tells me. She dreams of living abroad, where life seems so much sweeter; Germany for instance. I am quite sad not to have arrived earlier at her place as I really enjoyed her company. I hope she’ll come and visit me in London!

Zeljka m’accueille dans la maison de ces parents, dans un village a environ 25 kms du centre de Zagreb, où elle vit de manière indépendante au deuxième étage. Du saucisson et du jambon fait maison, du fromage et quelques cerises du potager… absolument délicieux ! C’est tellement bon que je mange tout ce qu’elle me donne ! Zeljka est une jeune professeure d’éthique et de philosophie au lycée, passionnée de cyclo-tourisme, et a voyagé un pue partout en Europe, avec ses amis et son copain : Bosnie, Slovénie, Allemagne et pleins d’autres pays. Elle me dit qu’il n’y a plus de travail en Croatie. Elle rêve de vivre à l’étranger où la vie semble tellement plus agréable, en Allemagne par exemple. Je suis assez frustrée de n’être pas arrivée plus tôt chez elle car j’ai vraiment apprécié sa compagnie. J’espère qu’elle viendra me voir à Londres !

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Watch out for the bears/ Attention à l’ours!

       

Day 14 – 09/07/2015 – 115 kms – Malchina à Valike Lasce Total: 1589 kms

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This morning, after having politely rejected my host’s son offer to have lunch with them, I head on to Slovenia, this beautiful country I’ve already travelled in (horseriding). As soon as I cross the border, I fall out of energy, I haven’t paid attention, but going up and down those hills have consumed more than I thought, it’s a real roller-coaster! Nothing like Italy: I go through neat tiny villages on top of hills surrounded by forest. In these villages, it seems each and every family has their one vines in their gardens and all stakes are decorated with white or pink roses. A beautiful single church dominates each village. Once the small elevation between the two countries has been passed, I start a long way down to the valley of Vipava. There, the Balkans appear on the other side of the valley.

Ce matin, après avoir poliment refusé au fils de mon hôte de rester déjeuner avec eux, je m’élance vers la Slovénie, ce pays magnifique que je connais déjà un peu. A peine ai-je dépassé la frontière Slovène que je n’ai plus de Watts dans ma batterie. Je n’avais pas trop fait gaffe à ma consommation mais c’est vrai que depuis que je suis en Slovénie, ça monte et ça descend beaucoup, de vraies montagnes russes! Rien à voir avec l’Italie : je traverse de petits villages coquets perchés sur des collines au milieu de forêt. Dans ces villages, toutes les familles semblent avoir leurs propres vignes dans leurs jardins et tous les piquets sont ornés de roses blanches ou roses. Une église surplombe chacun des villages. Une fois passé le petit massif entre les deux pays, j’entame une longue descente dans la vallée où se situe Vipava. Là, surgissent le début des Balkans, de l’autre côté de la vallée.

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Normally, I have done my itinerary as to follow the valleys as much as possible, but there are still a few difficult obstacles. As the one coming up now. 2 passages through the mountains that had me stop several times to recharge the batteries, as I had over 30 kms of continued uphill with an average slope of 8% under the burning sun! Anyway, that explains my poor performance in terms of kilometres.

Normalement, j’ai bien tracé mon itinéraire pour suivre au maximum les vallées, mais j’ai quelques passages difficiles. Comme les 2 cols qui arrivent en face et qui m’obligent à m’arrêter plusieurs fois pour recharger les batteries ! Plus de 30 kms de montée sans répit avec une moyenne de pente à 8% sous le soleil brulant. Bref, ca pourrait expliquer en partie une distance totale parcourue relativement faible.  

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But who cares? Slovenia is awesome, and Slovenians speak a much better English than Italians, it’s quite impressive! Furthermore, as Slovenian has common roots with Russian, I get to understand a few words. One identical word in both language is: Medved (bear)! At least 8 people have told me that the forest is full of them and that they are quite dangerous. So I tell myself that perhaps outdoor camping is not the best option for tonight.

Mais bon, le jeu en vaut la chandelle! Les coins par lesquels je passe sont vraiment splendides, et les Slovènes parlent beaucoup mieux anglais que les Italiens, c’est assez impressionnant ! En plus, comme le Russe et le Slovène ont des racines communes, j’arrive à comprendre quelques mots. Un mot identique dans les deux langues est Medved (ours) ! Au moins 8 personnes m’ont prévenu que les forêts de Slovénie en sont truffées et qu’ils sont assez dangereux. Alors je me dit que peut être le camping sauvage n’est pas la meilleure option pour ce soir !

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I had as an objective to get to Novo Mesto, but seeing how slow I’ve been, I have to cancel my planned stay at Andrej’s place as I know I won’t be there tonight. No Plan B for tonight so I just head on in the direction I set myself to. Night time is closing up on me and I try last night’s technic by asking some people in a small house lost in the middle of nowhere if they know where I can sleep. But a bunch of intrigued cyclist interrupt our conversation and circle Roger to inspect him. As I renew the question, I get some jokes about some guys inviting me to sleep with them, hem hem. I politely refuse. They tell me I’ll find a small motel 7 kms from here, in Veilke Lasce. To show them what Roger is capable of, I take a deep breath and beat them in the uphill. I think they were impressed. Arriving in Velike Lasce, I quickly realize there is nothing waiting for me here, no camping, no motel, no nice people, or so I thought.

J’avais pour but d’atteindre Novo Mesto, mais vu ma progression, j’ai dis à Andrej que cee n’était plus la peine de m’attendre, lui qui m’avait proposé l’hospitalité pour ce soir. Pas de Plan B pour l’instant alors je continue ma route comme si de rien n’était ! La nuit approche donc je retente la technique de demander à des gens dans une maison paumé au milieu de nulle part si ils savent où je peux dormir. Mais une fin équipe de cyclistes nous interrompt et entourent Roger pour l’inspecter. Alors que je repose ma question, les gars blaguent en me disant qu’il y en a parmi qui sont célibataires si je veux. Hem hem. Je refuse poliment. Ils finissent par me dire qu’il y a un petit motel à 7 kms à Velike Lasce. Pour leur montrerf ce dont Roger est capable, je leur met une fessée dans la montée. Je pense qu’ils étaient bluffés ! Arrivant dans Velike Lasce, je me rend vite compte que rien ne m’attend ici, ni motel, ni camping, ni gens sympas, enfin c’est ce que je pensais.

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Suddenly, as I was asking a very bored barman, a little blond hair woman comes riding on a bike. It’s Mija. She tells me I can stay at hers but she doesn’t speak a word of English. Nevertheless, I am invited and treated like a little queen, she feeds me, takes care of me, pays attention that nothing is missing. She is very enthusiastic and dynamic. Luckily, she has a garage, it’s raining tonight! She even invites some friends over to present them. One word I learn and won’t forget in Slovenian: Prijatelj (friend). It’s also Mija’s last name, what a coincidence!

Soudainement, alors que je demandais à un barman bien blasé, une petite tête blonde arrive sur un vélo. C’est Mija. Elle me dit que je peux rester chez elle mais qu’elle ne parle pas un mot d’anglais. Il n’empêche, je suis invitée et traitée comme une princesse, elle me nourrit, s’occupe de moi et vérifie que je ne manque de rien. Elle est très dynamique et enthousiaste. Heureusement, elle a un garage, il pleut pour la première fois ce soir. Elle invite quelques amis pour me les présenter. Un mot appris en Slovène et que je ne suis pas prête d’oublier : Prijatelj (ami).Et comme le hasard fait bien les choses, c’est aussi le nom de famille de Mija, incroyable !

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Roger, the Sun King/ Roger, le roi soleil

 Day 13 – 08/07/2015 – 145 kms – Treviso à Malchina
Total kms : 1474

Yesterday’s evening was mythical. Nothing really exceptional, just a good old « Spanish Inn » atmosphere in a quiet neighbourhood North of Treviso. David has very nice neighbours, so nice, that they even decided to remove the wall between their two gardens! And so it’s with open windows and doors that the house welcomes the neighbours whenever they feel like dropping by. David, an English teacher with an artist’s but also an adventurer’s soul, speaks a perfect English and French. All the others speak nothing but Italian. In spite of my desperate efforts to make myself understood with what’s left of my Spanish, David obviously ends up translating everything. We talk about cycling and traveling, and of David’s dream to go ride in Central Asia. Roger also becomes the intrigue of the evening.

“ How does it work? But does it really work?

He’s so exceptional to my hosts that he gets to be re-baptized “Roger, the Sun King”! “Coz he’s French”!  

La soirée d’hier soir fut mythique. Rien d’exceptionnel, mais une ambiance à l’auberge espagnole dans un quartier paisible au Nord de Trévise. David a de charmants voisins, si charmants, qu’ils ont même fait tomber le mur entre leurs deux jardins ! Du coup, c’est maison ouverte, chacun est libre de se balader chez les uns et les autres au plus grand bonheur de tous ! David professeur d’anglais avec une âme d’artiste mais surtout d’aventurier parle un anglais et un français exceptionnel et les autres ne parlent rien d’autre que l’Italien. Du coup, malgré mes efforts pour essayer de me faire comprendre avec mes restes d’Espagnol, c’est David qui fait la traduction ! On en vient à parler de voyages à vélo, et du rêve de David d’en faire en Asie Centrale. Roger aussi devient l’intrigue de la soirée.

« Mais comment ça marche ? Et ça marche vraiment ? »

Il retient tellement l’attention de mes hôtes que ceux-ci décident de le rebaptiser : « Roger, le roi soleil » ! « Parce qu’il est Franciusi » !

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« King sun » ? Yes well, king of the cold sun, because Roger actually dosen’t really like the heat. When it’s really hot, it seems the panels don’t charge as well as when it’s cold. Strange, isn’t it? That’s what I observed anyway when passing the Mont Cenis, where the sun didn’t seem to be that strong and it was really cold. Well, the panels seemed to have an extremely good efficiency!

Le roi soleil… Oui enfin, le roi du soleil froid, parce que le soleil chaud, il aime moins. Lorsqu’il fait froid, il semble que les panneaux rechargent beaucoup moins bien que quand il fait frais. C’est étrange certes. C’est ce que j’avais pu observer lors de mon passage au Mont Cenis, où le soleil ne donnait pas l’impression d’être si fort et où il faisait particulièrement froid. Mes panneaux avaient un super rendement!

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Today, I was a bit more tired than the other days. I’ve been on the road for almost two weeks now. Hopefully, there is always someone to cheer me up or with a little hoot and a thumbs up sticking out of the window, or with applauses and cheers from inside a car passing me by, or with the gentle words people come and greet me with.

Aujourd’hui j’ai eu quelques coups de mou, la fatigue commence à se faire sentir. Ça fait presque 2 semaines que je suis sur les routes. Heureusement, il y a toujours quelqu’un pour m’encourager soit par un petit klaxon suivi d’un pouce sortant d’une fenêtre, soit par des applaudissements venant d’une voiture qui me dépasse, soit tout simplement par les mots des gens qui viennent me parler.

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To Bernard’s disappointment, Bernard who is currently riding to victory, arriving, it seems, as he had promised himself in time to take the ferry at Bari (900 kms in 3 days !), I quite like the option of riding fast and stopping a few hours to charge the batteries, allowing me to take my time to eat lunch, relax and not burn at the worst part of the day! An option working only when the weather is good of course. Furthermore, ridding fast refreshes my engine, and my skin, which has suffered severe burns, as one of the things you forget when you’re alone is that it’s complicated ask a complete stranger to put sun cream on an inaccessible but vital part of your body: your back.

Au grand désespoir de Bernard, qui file vers la victoire, arrivant, il me semble, comme il se l’était juré à Barri à temps pour attraper en ferry (900 kms en 3 jours !), je suis assez partisante de la solution je roule vite et je m’arrête quelques heures en pleine journée pour faire le plein des batteries, ce qui me permet de déjeuner tranquillement et de ne pas cramer en plein zénith, solution valable uniquement en cas de très beau temps évidemment ! En plus, rouler plus vite permet de refroidir à la fois le moteur, et la surface de ma peau qui, faute de bras extensibles, a pris un sacré coup dans le dos ! Du coup, je fais quelques grosses pauses et je trace comme une flèche juste après.

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Arriving in Monfalcone, my destination point, I have a little dilemma: stop here or continue? It’s 8 pm and contrary to other nights where I had planned to sleep at couchsurfers’ and warmshowers’, tonight, I haven’t planned anything, and there aren’t a lot of places to set up your tent around here. This is where the adventure really begins! Worst case scenario, there are hotels in this city, but if I continue, then I have to start climbing the Slovenian mountains. I really don’t know what’s up there. C’mon, let’s try it, worst situation, I still have my tent. In Malchina, a small village I had seen on the map Italian-side, I come across a man playing with his granddaughter. I stop to ask him (still using sign language) where I can sleep, very naturally. He tells me about a few motels around but doesn’t seem convinced, as from his point of view, its way too expensive. After asking me if I have a sleeping bag, he asks me to follow him qand opens… his bar! A slight smell of beer, wine and Italian ham floats in the air. I think there was a party going here yesterday. The light inside is dim and hangers on the wall translate restaurant vocabulary from Italian to Slovenian. I can recognize a few of them derived from Russian. He tells me he’s got no place at home, but this is solution ”free of charge” : I can put two tables together, and there we go, we’ve got a bed! Just perfect!      

Arrivée à Monfalcone, dilemme : je continue à la frontière ou je m’arrête là ? Il est 20 h et contrairement aux autres soirs où j’avais fait appel à warmshowers et couchsurfing, ce soir je ne sais pas où je dors, et il n’y a pas trop d’endroit où planter sa tente. L’aventure commence vraiment ! Ici il y a des hôtels au pire, après on commence à grimper dans les montagnes slovènes ! Je ne sais pas du tout ce qu’il y a comme abri là-bas. Allez, je la joue gagnante, au pire il y a toujours ma tente. A Malchina, un petit village que j’avais repéré côté Italien, je tombe sur un homme en train de jouer avec sa petite fille. Je m’arrête et lui demande (toujours en langage des signes) si il sait où je peux dormir, très naturellement. Il m’indique quelques auberges du coin mais très vite me les déconseille en me disant que ça coute beaucoup trop cher pour ce que c’est ! Après m’avoir demandé si j’avais un sac de couchage, il me demande de le suivre juste à côté et m’ouvre la porte d’un… bar, le sien. Une légère odeur de bière, de vin et de saucisson Italien flotte dans l’air. La lumière est tamisé et des posters sur le mur traduisent le vocabulaire de la restauration d’Italien en Slovène. J’en reconnais quelques-uns dérivés du Russe. Je pense qu’il y a eu une fête la veille ! Il me dit qu’il n’a pas de place chez lui mais qu’il peut me proposer une solution « free of charge » : je n’ai qu’à mettre deux tables ensemble et paf, ça fait un lit ! Parfait !

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After tasting a few slices of Italian sausage and cheese in the only little restaurant in the village, I’m going to sleep like a baby and will wake up early to cross the Slovenian border! Italy’s already over!

Après avoir dégusté quelques tranches de jambon et fromages italiens de la seule petite trinquette du village, je vais dormir comme un bébé et me réveillerais aux aurores pour traverser la frontière Slovène ! L’Italie, c’est déjà fini L !

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La Dolce Vita

Day 12 – 07/06/2015 – 152 kms – Sona à Treviso
Total kms: 1329

After having tried to fix my brakes that don’t break, I’m finally ready to start my day at 9 :45. I’m late for the objective of the day: pass Venice! Hopefully, Ricardo escorts me on a scooter out of town (with a little halt at the arena once more for a day photo and to bring animation to the square) and leaves me on the road to Villabella. Meeting this man with a very special and touching story will be another beautiful experience.

Après avoir galérer toute la matinée avec mes freins qui ne freinent pas, me voilà enfin repartie vers seulement 9 :45, pas avant ! Du coup, je prends du retard par rapport à mon objectif de la journée : avoir dépassé Venise ce soir ! Heureusement, Ricardo m’escorte en scooter à travers Vérone (nouvelle petite halte à cette fameuse arène pour une photo de jour et divertir un peu les passants), et il me met sur la direction de Villabella. La rencontre avec cet homme au grand cœur avec une histoire touchante et hors normes, fera surement partie des plus belles rencontres du voyage.

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Finally, it’s not completely flat anymore, no, not mountains yet, but already respectable hills that start popping up in the landscape. A big road cuts through all this, but I rather choose to visit the small villages. Although I left late, I don’t have that much kilometres to do today so I can take my time. It’s still as hot, I have to frequently stop to drink and cool in the shadow. There, I think about all the guys who chose to have a roof on their bicycles… Lucky them!

Enfin, j’aperçois du relief, pas encore des montagnes, mais déjà de belles collines qui se dressent devant moi. Il y a une grosse régionale qui coupe à travers tout ca, mais je choisis plutôt de me promener. Même si je suis partie en retard, je n’ai pas beaucoup de kilomètres à faire aujourd’hui donc j’ai le temps de profiter du paysage. Il fait toujours aussi chaud, je suis obligée de m’arrêter régulièrement pour souffler. Là j’ai une petite pensée pour tout ceux qui ont un toit sur leur vélo… la chance, ils doivent être tellement bien là.  

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A part from that, what can I say, it’s la Dolce Vita Italian-style, meeting enthusiastic people at every village. It’s funny how I’m supposed to travel alone, but never really feel like it. And Italians are much more familiar with solar energy than French are. I’m not even talking about the hundreds of houses with solar panels on their roofs, but they directly understand how the bike works. The number of French people who asked me if I was using my panels to heat water still amazes me!

A part ce petit désagrément, c’est la Dolce vita à l’Italienne, rencontrant des gens très enthousiastes à chaque village! C’est marrant, je voyage seule, mais en fait j’ai pas du tout l’impression de l’être vraiment. Et les Italiens sont beaucoup plus familiers avec l’énergie solaire que les Français : je ne parle pas des centaines de maisons que j’ai vu avec des toits recouverts de panneaux, mais ils comprennent de suite comment marche mon vélo. Le nombre de Français qui m’ont demandé si j’avais un chauffe-eau dans mes sacoches est impressionnant !

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The only part of my body that hurts are my hands from holding down the engine! I don’t know what to do to stop waking up with my hands so tense (if someone has an idea?). And no, my butt still doesn’t hurt, which is really amazing! Want a tip girls: naked under the legging does it all!

La seule partie de mon corps qui est vraiment douloureuse, c’est mes mains, à force de tenir la roue avant qui est entrainée par le moteur (et donc qui guidonne facilement). Je ne sais pas quoi faire pour arrêter de me réveiller les mains complétement crispées (d’ailleurs si quelqu’un a une idée ?). Et non, mes fesses n’ont toujours pas mal (après 1500 kms !), ce qui est tout à fait exceptionnel ! Vous voulez le tuyau les filles ? Oui, même nous : à poil sous le cycliste ! 

Just arrived in Treviso, I’m waiting for my host arriving a little later and allowing me to charge the batteries in the sun. Tomorrow goal: the Slovenian border.

Bref, arrivée à Trévise, j’attends mon hôte qui arrive un peu plus tard, ce qui me permet de recharger mes batteries au soleil. Objectif de demain : La frontière slovène !

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